
Enfant, j’ai eu un contact privilégié avec la nature mauricienne en côtoyant la rivière Tawachiche (Québec, Canada). J’étais fascinée par l’argile grise qui se trouve sur ses berges. Cependant, mes modelages craquaient, à ma grande déception. Sans amertume ni réflexion, je délaissai l’argile.
En avril 2004, le goût de sculpter l’argile rejaillit. Je dois réussir à m’exprimer par ce médium. Quelle plénitude de sentir la matière vivante sous mes doigts! L’argile entre en osmose avec les mains et les œuvres vibrent aux ondulations sensuelles. Les mouvements spontanés et intuitifs modèlent des sculptures au caractère unique. L’inspiration coule en moi comme la rivière où ont émergé mes premiers balbutiements artistiques. Certes, la couleur de la faïence diffère de l’argile grise, mais un intense plaisir d’enfance m’envahit. Un lien se tisse entre l’espace intime et la matière malléable. L’odeur de la faïence ravive ce souvenir
Les courbes et les mouvements évoquent les remous et les coulées de la rivière. La douceur du roc, à la surface polie par le passage millénaire de l’eau, imprègne les sculptures et influence leur texture. Le vent aussi inspire des formes fluides et aériennes lorsque j’observe son souffle sur le feuillage. Parfois j’intègre des pierres aux créations, rappel d’un autre plaisir d’enfant, celui d’admirer les cailloux translucides, colorés ou brillants tel un trésor.
Depuis 2011, je dirige mes travaux vers les sculptures plus stylisées et semi-abstraites. Je laisse place à l’improvisation, mains libres d’un croquis.
Édith Béland